L’élévation du nombre de décès dans nos prisons françaises devrait poser une véritable question éthique dans notre société. C’est cette conscience que je m’emploie avec d’autres à faire émerger ici et là au gré de nos interventions.
En effet, la surpopulation carcérale, le vieillissement des détenus entraînant des profils polypathologiques, de plus en plus de malades mentaux reconnus pénalement responsables et incarcérés, une augmentation de mineurs immatures, des conditions sanitaires et d’hygiènes insupportables sont autant de facteurs poussant les plus faibles et les plus fragiles vers le suicide ou l’accélération du processus de mort. Il apparaît de plus en plus clair que ne pas élever la voix devant ce scandale de l’enfermement des plus pauvres et des plus fragiles d’entre nous c’est accepter un je ne sais quoi qui ressemblerait à une planification de la mort en prison. Une mort qui pourrait être évitée si la prise en compte des profils psychiatriques et somatiques était davantage prise en compte dans l’application des peines.
Les détenus « appartiennent-ils » exclusivement au ministère de la justice ou le ministère de la santé devraient également avoir sa partition à jouer dans cette prise en charge ? Voilà bien un des enjeux qui mérite un débat. Le silence assourdissant du ministère de la santé devant ce scandale de la mort en prison est des plus coupables. Parler, dire, dénoncer et proposer toujours jusqu’à ce que la société civile intervienne auprès des politiques pour faire progresser en France l’idée que la Dignité humaine ne s’arrête pas aux portes des prisons.
Roch-Etienne MIGLIORINO
Cadre de santé CHU Bicêtre
Auteur de Infirmier en milieu carcéral, accompagner… Editions Masson 2009
Organisateur de la journée « Les morts de la prison »
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