Il ne manquait plus que lui, Philippe De Villiers vient officiellement d'annoncer que lui et son mouvement rejoignaient le Comité de Liaison du parti présidentiel. La nouvelle n'est pas fabuleuse en soi, mais il s'agit là encore d'une énième preuve de la volonté du Président de siphonner la moindre volonté d'exister hors de son giron, histoire d'asseoir pour longtemps son hégémonie. Comment derrière ne pas se demander si tout cela n'est pas du à la future réforme des circonscriptions et la fusion prochaine des régions et des départements. Comme si aujourd'hui, les élus de droite et de l'ancien centre ne donnaient leur survie qu'à l'asservissement présidentiel.
L'image est forte et provocatrice, toutes les caricatures sont valables. Mais je pense surtout à celle des Inconnus, dans l'un de leurs spectacles durant les années 90. Spectacle pendant lequel ils jouaient le rôle de l'agence de com pour un candidat à un scrutin: Jack Beauregard. Encore une histoire d'image...et de caricature...L'homme en question, la 50aine, collier de barbe dispose d'un atout majeur au regard de son programme: un strabisme convergent. Ce qui laisse imaginer aux communicants une simple affiche laissant le programme dans le regard, tourné à droite, mais aussi à gauche. « Souple et solide à la fois », tel est le slogan testé auprès des consommateurs, çà vous rappelle quelque chose??? ;-)
Alors de là à faire le rapprochement avec Sarkozy, il n'y a qu'un pas. Jack Beauregard serait-il réincarné en tant que Comité de Liaison, le strabisme conservé, l'image de l'élu rafraîchie.
Presque en fait, la qualité même de son strabisme surtout de droite ne convergeant que vers un seul homme: le Président.
L'info est en tout les cas passée presque inaperçue dans la torpeur d'un été pas très estival. Je dis presque puisque tout le monde ne semble pas forcement voir d'un bon œil l'entrée du Vicomte souverainiste dans le Comité de Liaison. Et c'est d'ailleurs l'occasion de parler des Radicaux, puisque ceux qui se sont levés contre cette entrée sont les Jeunes Radicaux Valoisiens, l'aile « autonomiste » des Valoisiens, par la voix d'Annabelle Ferry, leur Présidente. Dans un communiqué publié le 04 aout dernier, elle dénonce fermement l'entrée des souverainistes dans ledit comité, ouvrant la voie aux extrémistes et renforçant l'idée d'une droite décomplexée.
Avec Guillaume Peltier, l'ex-bras droit du Vicomte, on ne compte plus les ex-souveraino-extrémo-frontistes passé à l'UMP. Comme si la droite s'assumait enfin comme plurielle. Pas le même pluriel que celle de Jospin à l'époque, mais presque. Une droite ouverte à gauche, une droiche en somme dont on ne détermine plus bien les contours, avalant le centre supplétif, accueillant les gens de gauche frustré de ne pas avoir eu les responsabilités qu'ils espéraient, légitimant les extrémistes jusque là ignorés officiellement. Une pensée cependant pour Christine Boutin. Lasse de la vieille politique politicienne ? Un signal d'alarme tout au moins, celui qui démontre l'incapacité pour ceux qui s'alignent d'avoir une parole libre dans la majorité présidentielle, c'est un fait. Une âme de rebelle sûrement pour Christine Boutin, mais une grosse tentative de récupération des idées Démocrates Chrétiennes, certes sociales, mais tellement pas laïques.
Une chose à retenir de tout cela, la vraie valeur en politique, c'est l'autonomie de vie et de pensée politique au travers de l'occupation d'un nouvel espace politique hors des cadres traditionnels. C'était celle de l'UDF libre à l'époque, c'est celle du Mouvement Démocrate aujourd'hui.
Annabelle Ferry et les Jeunes Valoisiens semblent vouloir porter cette volonté d'autonomie, pour un Parti Radical et autonome, ouvert aux autres, avec une prime au dialogue au delà des clivages. Les Jeunes Démocrates et Générations Engagées portent cette prime au dialogue, et pourquoi pas à la co-construction. De fait, nous dialoguons donc déjà avec l'ensemble des forces engagées, qu'elles soient radicales, écologistes, de gauche ou du centre, c'est l'un des rares moyens d'avancer vers l'occupation d'un nouvel espace politique outre-clivages, celui pour lequel le Mouvement Démocrate pose la première pierre.
Frédéric B.
|