En ces temps de chaleur et sécheresse, les incendies rythment notre actualité estivale et malheureusement pour beaucoup d’entre eux ils sont d’origine criminelle œuvres de pyromanes, pompiers ou lambda. 2003 fut l’une des années noires pour nos massifs côtiers, une loi avait été adoptée condamnant ces pyromanes estivaux à de la détention ferme, à cette époque je donnais des cours en prison via une association que j’avais crée sur Valenciennes, l’Areasc, et je me suis demandé si mettre un incendiaire en prison était la meilleure réponse à cet acte motivé par je ne sais quelle raison.
Six ans plus tard et ma retraite carcérale bien entamée depuis quatre ans, je pense qu’il y a d’autres formes de réponse à une infraction, et je sais que ce que je vais dire va en choquer plus d’un mais je pense que la prison ne sert à rien hormis à rendre pis l’homme ; on ne sort pas de prison semblable à celui qu’on était en y entrant. Que l’on y soit détenu, prévenu, personnel pénitentiaire ou simple intervenant bénévole comme moi la prison nous change à tout jamais ; ce bâtiment glacial, bruyant, inhumain nous transforme, nous rend plus dur, plus froid voire insensible, on y côtoie du simple voleur de voiture au plus abjecte assassin ou pédophile et bien souvent ils sont mélangés dans les cellules, permettant l’apprentissage du pire pour les menus frottins. Mes cinq années d’enseignant bénévole en milieu carcéral m’ont forgé l’opinion que la prison ne résout pas du tout la criminalité mais au contraire l’empire.
La prison n’est pas le royaume des élites scolaires, le niveau scolaire moyen est équivalent au niveau 5° et le nombre d’analphabètes y est affolant. Il faut à mon sens mettre l’accent sur la pédagogie et l’enseignement, on connait tous la célèbre maxime d’Hugo « Quand on ouvre une école, on ferme une prison » et bien je pense qu’hormis une véritable réforme de l’école en profondeur de l’école il faudrait une véritable politique de réinsertion et de lutte contre la récidive par l’enseignement, la pédagogie et la prise de conscience de ce qui a été l’infraction commise.
Un pyromane est en prison que va-t-il comprendre de son acte, de la portée écologique et économique de l’incendie qu’il a causé ? Ne serait il pas plus utile à la société et aussi pour lui s’il était condamné à nettoyer les terres noircies par son acte, s’il replantait et débroussaillait les abords des routes pour éviter un nouvel incendie en lui donnant l’opportunité de comprendre et d’apprendre la biodiversité présente sur ces terres et dans ces garrigues .
Un vendeur de drogues ne serait il pas plus sain pour lui de lui montrer les dégâts des substances qu’il vend sur les jeunes, idem pour celui qui roule en état d’ivresse. Je ne pense pas que la prison soit le remède pour tous, bien entendu pour les meurtres et assassinats il est impossible de réparer ou de changer le comportement mais pour nombre de délits il y a une autre alternative à la prison et cela passe par la « rééducation » du délinquant afin qu’il évite de se sentir exclu de la société. Il est aussi important qu’ils témoignent de ce qu’ils ont vécu pour éviter que certains jeunes voient la prison comme le Club Med où il fait bon vivre , je me souviens des interventions de certains de mes anciens détenus dans les collèges classés ZEP du Valenciennois notamment Beuvrages ou Condé qui avaient ouvert les yeux des jeunes sur la prison et qui a permis aux anciens détenus de ne pas replonger et de reprendre des études et de se réinsérer dans la vie et dans la société.
Je pense que nous, humanistes et démocrates, devons réfléchir à un nouveau modèle de société et aux moyens de répression et de réponse à l’infraction, la prison devant être l’ultime échelon après un enseignement et une réparation à la société qui serait synonyme de prise de conscience et de rééducation.
Marc BC.
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